Ça nous fait un point commun. (Épisode 2/3)

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         Joy. Je pus observer plus attentivement l’homme mystérieux qui se tenait devant moi. Une barbe de trois jours entourait ses lèvres. Il se présenta à moi comme étant Vladimir Dareshow. Je me surpris moi-même à vouloir lui demander la raison de son chagrin. Je n’étais pas du genre à poser ce type de questions de peur qu’on ne me la retourne. Cette fois la curiosité me brûla les lèvres.

Il dut deviner le fond de ma pensée car avant que je ne prononce un mot, il me confia que sa fille était victime d’un accident deux rues plus loin et qu’il venait chercher de l’aide.

L’hôpital était étonnamment vide, je pris donc la décision de lui venir en aide. C’était certes un curieux personnage et je ne le connaissais que depuis quelques minutes, mais je savais ce qu’était la perte d’un proche et je ne le souhaitais à personne.

Je le suivis donc jusqu’au lieu de l’accident. Il m’avait dit que cela s’était passé deux rues plus loin, pourtant nous courrions depuis cinq minutes déjà. Il ne pleurait plus et avançait sûr de lui, trop sûr à mon goût.

Je le suivis dans une impasse sombre. J’avais beau regarder tout autour de moi je ne voyais aucune jeune fille, ni personne d’autre d’ailleurs. Tout à coup, une étrange sensation de fourmillement me traversa le corps. Je me sentis lourde et ma tête tourna. Monsieur Dareshow m’avait piégée.

 

           River. Je marchais pour me rendre au portail temporel, afin d’effectuer mon deuxième passage. A ce moment précis, je sentais en moi deux drôles de sensations. La première qui semblait plutôt positive, partait de mes pieds et remontait ma colonne vertébrale pour se loger dans mon cerveau. La deuxième en revanche était située dans mon ventre. J’avais l’impression qu’elle me déchirait les boyaux. Ce n’était pas très agréable. Je n’avais jamais ressenti cela avant car mes lentilles me coupaient du monde extérieur. Mon peuple vivait un peu comme des robots. Après un dernier regard vers ma ville monotone, je m’engouffrai à nouveau à travers le portail.

J’atterris alors au même endroit que la dernière fois, dans un hangar rempli de boîtes. Alors que j’avançais, j’entendis la respiration haletante d’une femme. Elle semblait un peu perdue, inquiète. J’entendis soudain une alarme suivie de voix d’hommes. La fille s’affolait de plus en plus. Je compris aussitôt: les hommes en approche ne devaient surtout pas trouver la jeune femme.

Après une courte hésitation, je marchais vers elle et lui agrippai la main, la tirant ainsi en arrière pour la faire passer avec moi à travers le portail.

 

           Joy. Je me souviens de mon réveil. J’avais ouvert les yeux, pourtant je ne voyais toujours rien. Je ne sentais plus mon corps, l’air humide m’étouffait un peu plus à chaque respiration. Il me fallut plusieurs minutes pour me rendre compte que j’étais enfermée, non dans une cage mais dans un cercueil de pierre. Mon sang ne fit qu’un tour. Je poussais le couvercle de ma prison macabre. Je me trouvais dans un hangar. Des milliers de cercueils pareils au mien m’entouraient.

J’entendis alors des voix d’hommes se rapprocher de moi et une alarme qui s’était déclenchée. Je fus prise de panique. Je ne savais pas où aller, lorsque je sentis quelqu’un m’agripper la main avant de m’entrainer je ne sais où.

Nous arrivâmes dans une étroite ruelle. Malgré mon soulagement d’être sortie de cet enfer, je restais perplexe face à l’identité de mon sauveur.

C’était un grand  brun d’une vingtaine d’années possédant de profonds yeux noisette. Il était plutôt beau garçon et il m’avait sauvé la vie.

 

          River. Je rejoignis l’impasse où je me trouvais quelques minutes auparavant, en compagnie d’une jolie blonde que je ne connaissais même pas. Après plusieurs secondes, je lui libérai la main et je décidai de m’expliquer :

« On ne se connaît peut-être pas mais avec ce portail temporel j’ai atterri dans ton monde et j’ai remarqué que tu avais besoin d’aide. Alors je me suis permis de te sauver en quelque sorte. J’espère que tu ne m’en veux pas trop. » lui ai-je dit un peu embêté.

La blondinette répondit sur la défensive. « Non, non ça ne me dérange pas. Mais qui es-tu? Où suis-je ? » Je la regardai alors, un léger sourire aux lèvres. Son attitude me surprit agréablement.

A Véga, on ne posait pas les questions aussi directement.

 

Emma et Léna  

Suite au prochain épisode…