Après avoir étudié en classe le roman d’Eglal ERRERA, Les premiers jours, les élèves de l’UPE2A ont écrit, à leur tour, les souvenirs de leurs derniers jours dans le pays qu’ils ont dû quitter. Vous pourrez lire que, pour la plupart d’entre eux, ils n’avaient pas vraiment compris qu’ils venaient en France pour « plus que des vacances »…
Anne-Sylvie Saulnier, enseignante de FLS (Français Langue Seconde).
Nataliia (originaire d’Ukraine)
« Je n’ai pas pu m’habituer à vivre ici pendant très longtemps. »
Mes derniers jours en Ukraine ont été très tristes. Mes parents m’ont parlé du voyage en France un mois avant le voyage. Après cela, j’ai pleuré et je n’ai presque rien mangé pendant un mois entier. Le jour de mon anniversaire, le 6 août, je suis tombée malade, probablement à cause du grand stress de quitter mon pays natal, et de la prise de conscience qu’il y avait une guerre dans mon pays.
Après cela, j’ai dit au revoir à mes amis, mais pas à tout le monde, car c’était les vacances d’été. Il n’y avait que des vêtements dans mes valises. La période de voyage et de séjour des premiers jours en France a été stressante pour moi. Je n’ai pas pu m’habituer à vivre ici pendant très longtemps, mes proches qui étaient restés là-bas me manquaient, ma grand-mère et mon grand-père. Mais maintenant, je me sens mieux.
Eman (nationalité soudanaise, a grandi en Arabie Saoudite)
« Finalement, nous ne sommes jamais allés en Irlande. »
Mon père m’avait dit, cinq mois avant le départ, « tu vas aller étudier en Irlande ». J’étais triste à l’idée de quitter l’Arabie Saoudite, mais contente aussi à celle d’apprendre une nouvelle langue. Les derniers jours avant de quitter l’Arabie Saoudite, je savais que nous allions voyager, mais je ne connaissais pas le moment précis. A l’approche du départ, j’ai dit à mes amis que j’allais voyager et ils m’ont dit au revoir. Nous voulions faire une sortie ensemble, un pique-nique, mais nous n’avions pas assez de temps. Les amies m’ont fait un petit cadeau. Je l’ai mis dans ma valise, avec mes habits.
Ensuite, nous sommes allés au Soudan pour rencontrer le reste de ma famille. J’étais chez ma tante, et j’ai passé de belles vacances. Puis je leur ai dit au revoir à tous. Nous sommes retournés en Arabie Saoudite, pour une escale deux heures à l’aéroport. Ensuite nous sommes partis pour la France. Et nous y sommes restés. Finalement, nous ne sommes jamais allés en Irlande.

Soumaia (originaire de Russie)
« Le dernier jour du départ, je ne leur ai pas dit au revoir car je pensais que je reviendrais.»
Deux semaines avant de partir, j’ai dit à mes camarades que je partais pour la France, mais pas quand exactement. Le dernier jour du départ, je ne leur ai pas dit au revoir car je pensais que je reviendrais. J’ai dit au revoir seulement à ma famille proche et à un ami aussi.
Göksu (originaire de Turquie)
« Dans ma valise, j’ai mis (…) tous mes souvenirs, toutes mes photos d’enfance, tout ce que j’avais. »
J’ai appris que j’allais venir en France par mon père : il m’a dit de préparer mes valises et que nous allions changer de pays. Ensuite, j’ai commencé à préparer mes affaires une semaine avant, parce que je savais déjà qu’on allait partir en France. Dans ma valise, j’ai mis tous mes vêtements, mes jouets, mes livres, tous mes souvenirs, toutes mes photos d’enfance, tout ce que j’avais. J’ai eu le temps aussi de dire au revoir à ma famille, à mes amis, à mes profs. Et quand je suis partie, je me suis sentie vraiment très triste, parce que je quittais mon pays, et que j’aime vraiment mon pays, et que je ne voulais pas du tout venir en France.

Seif (originaire de Tunisie)
« J’étais en train de jouer à l’ordinateur quand mon père est venu dans ma chambre me montrer les billets d’avion. »
J’étais en train de jouer à l’ordinateur quand mon père est venu dans ma chambre pour me montrer les billets d’avion. Alors j’ai fermé l’ordinateur pour que je puisse préparer mes valises. Nous allions aller chez des amis d’enfance à Paris. J’étais content car j’allais voyager, mais triste aussi car je ne voulais pas laisser mes amis.
Karlen (nationalité arménienne, a grandi en Russie)
« Quand je suis arrivé au CADA*, à Monclar, j’ai compris que j’allais rester toute ma vie en France ».
Mes derniers jours dans mon pays, je pensais que j’allais en France pour les vacances d’été. Pour cela, je n’ai pas dit au revoir à mes amis.
Quand je suis arrivé en France à Toulouse, c’était très bien : nous avions retrouvé des amis arméniens et nous nous sommes promenés avec eux. Mais quand je suis arrivé au CADA* à Monclar, j’ai compris que j’allais rester toute ma vie en France. Au début, c’était difficile d’apprendre la langue et de s’installer dans un nouveau pays, mais petit à petit, j’ai commencé à comprendre.
CADA* : Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile

Mykola (originaire d’Ukraine)
« Je ne savais pas que je venais en France pour longtemps. »
Ma mère m’a dit que nous allions en France rendre visite à ma tante, parce qu’elle avait découvert la guerre en Ukraine. Je ne savais pas que je venais en France pour longtemps. J’ai dit au revoir à ma famille, mais je n’ai pas eu le temps de dire au revoir à mes amis.
Afnan (nationalité soudanaise, a grandi en Arabie Saoudite)
« Quand je suis arrivée en France, j’ai compris que je ne verrais plus toute ma famille, et j’étais très triste. »
Je vais vous raconter mes derniers jours dans mon pays, en Arabie Saoudite. Nous étions assis ensemble en famille. Mon père nous a annoncé que nous devions partir pour l’ Europe parce qu’il avait des problèmes politiques au Soudan, et que son contrat de travail en Arabie Saoudite avait expiré. Donc on ne pouvait plus rester là-bas.
Il nous a fallu environ deux mois pour se préparer à partir, et nous avons attendu la fin de l’année scolaire. Ensuite, nous sommes partis et je n’ai pas eu le temps de dire au revoir à mes amies de l’école, ou à mes professeurs. Mais j’ai dit au revoir à quelques proches.
Et notre voyage a commencé. Nous sommes allés au Soudan pour dire au revoir à notre famille, d’abord dans la capitale, à Khartoum. Nous y sommes restés trois jours puis nous sommes allés à Atbara voir ma tante et mes cousins, cousines, et leur dire au revoir. Les derniers jours là-bas, j’étais heureuse. Mais quand je suis arrivée en France, j’ai compris que je ne verrais plus toute ma famille, et j’étais très triste.

Dip (nationalité bangladaise, vient du Bangladesh)
Au Bangladesh, nous avons eu beaucoup de problèmes à cause de notre religion, c’est pourquoi nous avons dû quitter notre pays. J’avais environ une semaine pour préparer mes bagages et dire au revoir à mes amis et à ma famille.
Jinan (nationalité soudanaise, a grandi en Arabie Saoudite)
« Je n’avais aucun sentiment, je ne savais pas pourquoi. »
Avant de préparer nos bagages, personne ne savait quand on allait partir. Et un jour, mon père nous annonce que nous allons nous rendre à l’Ambassade de France à Djeddah, pour obtenir nos visas. Je croyais que mon père faisait une blague. Mais après j’ai vu qu’il était vraiment sérieux, et nous avons commencé à préparer nos bagages, et à vendre nos biens ménagers. Puis nous avons quitté l’Arabie Saoudite. Je n’avais aucun sentiment, je ne savais pas pourquoi.
Nous sommes arrivés au Soudan, à Khartoum, la capitale. Nous y sommes restés trois jours dans la famille de mon père. Puis nous sommes allés dans une autre ville, à Atbara, pour voir la famille de ma mère. C’était vraiment les meilleurs moments dans ma vie, parce que je n’avais pas vu mes proches depuis l’âge de 4 ans.
Les derniers jours au Soudan ont été vraiment tristes car nous partions pour toujours, et personne ne savait si on pourrait revenir. Même nous, nous ne savions pas.

Vos récits sont très émouvants, merci de les partager avec nous !
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Bienvenue à vous toutes et tous ! J’espère que vous êtes contents d’être au collège malgré tout.
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Encore une fois les élèves d’UPE2A m’auront tiré une larme ce soir…
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Ces témoignages sont très touchants. Bienvenue à ces jeunes dans notre pays qui je l’espère saura être accueillant… et je souhaite aussi qu’ils puissent revoir leurs proches un jour.
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