Des femmes scribes au moyen âge

Bonjour chères lectrices et chers lecteurs !

Aujourd’hui je vais vous parler d’une super découverte archéologique sur les femmes scribes.

Pour commencer, laissez-moi vous expliquer ce qu’est un scribe. Dans l’Antiquité et le Moyen Âge, un scribe est une personne qui pratique l’écriture. Son activité consiste à écrire à la main des textes administratifs, religieux et juridiques ou des documents privés, et à en faire des copies. Il peut également réaliser de magnifiques enluminures pour illustrer ces textes. Ce « métier » était très important car peu de personnes savaient écrire à cette époque. Mais la découverte dont je vais vous parler concerne le Moyen Âge, où les scribes étaient essentiellement des moines.

Jusqu’à récemment, nous pensions que tous les scribes qu’on avait découvert étaient des hommes. Mais au début de l’année 2019 est parue une étude sur la bouche d’un squelette de femme « d’âge moyen » découvert en 2014 dans le cimetière médiéval de Dalheim, en Allemagne. Cette femme serait décédée vers 1100 après notre ère, de vieillesse. Sa tombe anonyme porte l’inscription B78 donnée par les archéologues. Or, plusieurs scientifiques ont démontré qu’elle était scribe.


Photo du mandibule de B78. Le tartre de ses dents contenait des particules de pigment bleu outremer extrait du lapis-lazuli. – [photo de Christina Warinner]


Ce qui a interpellé les archéologues et les historiens c’est qu’il y avait de la poussière de lapis-lazuli dans le tartre de ses dents. Le lapis-lazuli est une pierre précieuse qui avant ne provenait que de l’actuel Afghanistan, ce qui était plutôt loin. Elle atteignait l’Europe centrale grâce à un complexe réseau commercial qui s’étalait sur plusieurs milliers de kilomètres. Une fois la pierre réduite en poudre, on la vendait plus cher que de l’or au même poids. Le pigment bleu vif produit par le lapis-lazuli était si précieux que les artistes et les scribes du Moyen Âge le réservaient pour l’enluminure des sujets les plus importants, comme des tableaux religieux.

Photographie de James Saint John. Flickr.com

Comment cette poudre précieuse s’est-elle retrouvée dans la bouche de cette femme ? Après avoir écarté plusieurs théories ; qu’elle ait embrassé une image contenant le pigment pour un rituel ou qu’elle ait eu recours à la « médecine lapidaire », une pratique médiévale qui consistait à manger des pierres précieuses pour se soigner, l’équipe de recherche a conclu que la femme avait sans doute l’habitude de lécher le bout de son pinceau lorsqu’elle peignait, d’où la présence de la poudre de lapis-lazuli dans sa bouche. Au fil du temps, celui-ci s’est incrusté dans le tartre, où il a été conservé pendant près de 1 000 ans !

Mais le précieux lapis-lazuli n’était pas confié à n’importe quel artiste. Il fallait que les artistes soient vraiment respectés pour leur confier un des pigments les plus chers du 11e siècle. « Le fait que ce pigment ait été donné à une femme démontre qu’elle faisait partie des meilleurs, que son art était réputé », explique Alison Beach, historienne à l’Université d’État de l’Ohio. « Et ceci suggère que de nombreux livres qui n’étaient pas signés avaient été réalisés par des femmes, ou tout du moins, qu’il s’agit d’une possibilité que nous ne devons pas écarter », a ajouté l’historienne.

Cette découverte démontre « qu’il reste encore beaucoup à découvrir sur la place et les activités réelles des femmes au Moyen Âge et particulièrement dans les monastères. »

Merci d’avoir lu mon article !

Sources :

Cette découverte archéologique prouve l’existence de femmes scribes au Moyen-Âge, de Andrew Curry, publication du18 sept. 2024, www.nationalgeographic.fr

Les dents d’une nonne du Moyen Age révèlent son passé de peintre et scribe, Christine Westerhaus (SRF) , janvier 2019, www rts.ch

Image d’entête : Enluminure extraite des Chroniques de Hainaut, XVe siècle/ Bibliothèque nationale de France

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