Motus Ad

CHAPITRE 3

« Ton histoire commence le jour de ta naissance. Tu es née un samedi, le samedi 14 Juillet 2063. Ton père s’appelait Léonard Satin et ta mère, Jane Satin. Tu es née durant un des plus chauds étés jamais enregistrés, plus de 52 degrés. Tes parents ont choisi de t’appeler Élisabeth, car tous deux aimaient un livre dont le personnage principal se prénommait ainsi. Tout se passait pour le mieux.

En 2071, tu venais de fêter tes 8 ans, quand la 3ème guerre mondiale éclatât. Une guerre informatique, robotique. Les robots attaquaient. Tes parents et toi, vous vous êtes enfuis le plus loin possible. Vous vous êtes installés en Alaska, là où vous aviez de la famille. Le réchauffement climatique en avait détruit la moitié mais au moins vous étiez en sécurité, pour l’instant. L’Alaska est un des rares pays refusant toute robotique à cette époque. Pendant quelques mois, il n’y eut aucun problème, aucun souci, mais surtout, aucun robot. Ton père faisait partie du gouvernement secret, mais à cause de cela, il dut retourner dans ton pays d’origine pour une mission top secrète. Malheureusement, il ne revint jamais. Personne ne sait s’il est mort ou si lui aussi s’est fait solidifier. »

Je l’interrompis : – Solidifier ?

– Oui, en 2092 va être inventé le « Chronos Corpus », ou comme l’appellent les scientifiques, le « C.CO », cet appareil va changer la vie de certaines personnes. C’est un appareil capable de figer le corps sans figer l’esprit. »

Je l’interrompis de nouveau : – Comment ça ?

 – Par exemple, moi, en réalité j’ai 58 ans, mais je parais en avoir 20. Ou comme toi, tu as 14ans, mais tu parais plus âgée que moi.

– Ah, d’accord… Vous avez 58 ans ?

– Oui, on ne dirait pas, hein !

– Comment vous appelez-vous ?

 – Agena.

– Ok, Agena, vous pouvez continuer votre récit.

– Merci. Bon, avant que l’année 2072 ne commence, quelqu’un réussit à prendre la tête du monde. Cette personne devint roi.

– Vous savez qui c’est ?

– Non, personne ne le sait. Par contre, le monde entier lui en voulait d’avoir robotisé tous les métiers. Donc, de nombreuses personnes se révoltèrent pour essayer de retrouver leurs emplois ou, juste, pour le punir d’avoir tué autant de monde. Ta mère en fit partie. Elle voulait venger son mari, donc elle te confia à sa mère. À cette époque, ta grand-mère avait près de 80 ans. Elle s’occupait également de tes cousins et cousines, car, comme ta mère, tes oncles et tes tantes étaient partis se battre. Quelques années plus tard ta grand-mère décéda. Tu avais alors entre 10 et 11 ans, et tu devais t’occuper de 3 enfants : Charlie et sa sœur jumelle, Hina, tous les deux âgés de 4ans et la petite dernière, Asa qui n’avait que 3ans. Alors tu les pris en charge, tu t’occupais d’eux le plus clair de ton temps et quand enfin ils dormaient, tu étudiais. Tu étais une vraie enfant modèle. Mais ce n’est pas à une enfant de se charger de la sécurité, des besoins ou encore de l’éducation d’autre enfants. Au bout de 2 ans, les jumeaux sont morts à cause d’une maladie, tu n’en savais pas plus. Ta santé mentale était au plus bas, mais tu te devais de tenir pour protéger Asa. Elle essayait de te remonter le moral quand tu pleurais mais ça ne fonctionnait jamais. Et un jour, les provisions manquèrent et le sol que tu cultivais devint stérile. Toi et Asa deviez partir. Alors tu pris tout ce que tu pouvais dans un sac à dos et vous êtes parties à la recherche d’une ville, un village ou même un hameau pour vous installer et ne pas mourir. »


CHAPITRE 4

Son récit me laissait sans voix, mais j’avais quand même énormément de questions.

« Comment savez-vous tout cela ? Est-ce vrai au moins ?  Moi je ne peux rien affirmer, car même après avoir entendu autant de détails, aucun de mes souvenirs ne m’est revenu.

 – Bien sûr que c’est vrai. Nous possédons un appareil capable de fouiller l’esprit de n’importe qui. Tous tes souvenirs, tes émotions, la moindre de tes pensées et même des détails complétement inutiles sont inscrits dans des données qui sont récupérées par cette machine.

– Comment ça fonctionne ?

 – Cet appareil, qui ressemble à un pistolet, s’appelle le « Motus Ad » ou « M.A », qui signifie clairement « Les émotions à prendre ». Le médecin le place sur la tempe du patient et appuie sur la gâchette, sauf que cela ne le tue pas mais envoie une petite décharge électrique. En général, ça ne fait pas mal, sauf si le patient est atteint d’algophobie. Tu sais Élisabeth, tu es la première personne inconsciente sur qui nous testons le M.A.

– Quoi ? Comment ça ? Qui ça « nous » ?

– Doucement. Dans un premier temps, le « nous » c’est des collègues de travail et moi. Tu sais bien que nous sommes ici dans un hôpital expérimental.

– Expérimental !?

– Oui, un hôpital expérimental. Et tu es une sorte de cobaye mais pas dans le mauvais sens, rassure-toi. Disons plutôt que l’on fait ça pour ton bien.

– Mon bien ? C’est à cause de cet instrument de malheur que j’ai perdu la mémoire.

Et la conversation en resta là. Je partis en courant, le plus vite que je pouvais, sans me retourner car je pleurais et je ne voulais pas qu’ Agena le voit. Je me dirigeai, sans trop savoir pourquoi, vers les toilettes. Cet endroit où j’ai découvert que je n’étais plus moi-même. Et plus je courais, plus je me posais de questions ; qu’ont-ils appris d’autre sur moi ? Est-ce vraiment à cause de ce « Motus Ad » que j’ai perdu mes souvenirs ; pourquoi Agena s’est-elle fait solidifier ; pourquoi s’est-elle enfuie quand elle m’a vu réveillée ; c’est quoi la suite de l’histoire ?

A suivre…

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