La Semaine. Épisode 1/2

Joseph n’avait plus de lait. Il alla en demander à son voisin mais celui-ci était parti en voyage. Il dut donc aller en acheter.

Exactement trois mois plus tard, Joseph se leva plus tôt que d’habitude, car enfin, c’était la Semaine. Chaque année, lors de la Semaine, on fêtait l’anniversaire de la victoire du Bien sur le Mal. Et cette Semaine là célébrait le millénaire de la victoire. Pendant une semaine entière, il allait y avoir des fêtes comme on n’en avait jamais vues, personne ne travaillerait et tout serait offert par la Société. Le dernier jour de la semaine, il y aurait un événement gigantesque, personne ne savait lequel mais on savait qu’il y aurait quelque chose. Il y avait des attractions dans toutes les rues de la Capitale et quand Joseph regarda par la fenêtre, il vit qu’il tombait déjà de la neige dorée.

Joseph savait ce qui s’était passé pour que le Jour soit une fête aussi importante, tous les manuels d’Histoire le disaient. Il y avait mille ans, le monde était ravagé par les sociétés d’avant : on avait surexploité la Terre et une longue guerre avait éclaté. Finalement, tous les camps s’entre-tuèrent et une nouvelle République fut créée par les survivants.

Cependant, une des nouvelles régions se révolta, dirigée par un chef sanguinaire et assoiffé de pouvoir. Son armée pillait, brûlait, torturait et tuait partout où elle allait. Très vite, la moitié du pays fut à elle et le gouvernement ne faisait rien. Alors, la Société du Bien fut créée par des citoyens du pays. La Société repoussa la révolte et la neutralisa. Elle dirigea alors le pays d’une manière juste et répara les dégâts causés par la révolte grâce à une politique de travaux volontaires. Aujourd’hui encore, on appliquait la politique des travaux volontaires, c’est ce qui avait permis la construction des attractions en un temps record, grâce aux ouvriers venus de la campagne.

Joseph sortit, les rues brillaient, tous les bâtiments étaient décorés, les enfants jouaient. Une bataille de boules de neige commença derrière lui. Soudain, il sentit quelque chose de froid percuter son oreille, suivi d’un grand « Joseph ! Qu’est-ce que tu fais là ? ». Il se retourna et manqua de percuter Karl, son meilleur ami. « Moi-même, je ne sais pas trop. » dit Joseph.

Au loin, sur les échafaudages, un hurlement retentit. « Un travailleur volontaire a dû se faire mal » se dit Joseph, « en même temps ils devaient être très mal nourris à la campagne », pensa-t-il en en voyant passer un autre, famélique. « Que la société est bien faite, dit-il à Karl, regarde ce travailleur, maintenant qu’il est à la ville et qu’on le nourrit, il va pouvoir reprendre des forces. »

Karl lui jeta un coup d’œil étrange et demanda : « Tu penses ?

–  Bien sûr que oui, la preuve, à part la police personne ne recrute à l’intérieur de la capitale ces temps-ci.

– Quel rapport ? demanda Karl

– Aucun, en effet, répondit Joseph»

Soudain, alors qu’ils débouchaient sur l’Avenue Centrale, un immense feu d’artifice fut tiré, ce qui mit fin à leur discussion. Karl partit manger. Joseph passa devant un cimetière et y entra ; à première vue, c’était plus un parc qu’autre chose. Il s’assit sur un banc. Les oiseaux chantaient, le calme n’était troublé que lors du passage, de temps à autre, d’une fourgonnette. L’une d’elles, appartenant aux laboratoires, manqua d’écraser un groupe de mésanges, occupées à se disputer de la nourriture.

Un jeune travailleur volontaire percuta Joseph de plein fouet et s’étala par terre. Un policier apparut et l’attrapa. « Excusez-nous, dit-il, nous venions de découvrir que c’était un espion à la solde d’un groupe de dangereux terroristes, il a déjà commis plusieurs attentats. »  Sur ce,  il monta avec sa prise dans une voiture de police et disparut. En rentrant chez lui, Joseph annonça la nouvelle à toute sa famille : il avait aidé la capture d’un terroriste (entre temps, le récit avait subi de légères modifications et Joseph raconta qu’il s’était engagé dans une course poursuite acharnée et qu’il avait dû se battre pour neutraliser l’espion).

Quand Karl l’apprit, il demanda simplement : « Et il avait fait quoi ton dangereux terroriste ? »

« Je ne sais pas, répondit Joseph, mais il avait l’air louche… »

 

Suite au prochain épisode….

 

Lézard Ticho

5 commentaires

  1. Quel style ! Un récit très réussi, plus réussi encore que le récit fantastique. Ce monde a l’air un peu trop parfait, ça me semble louche… En plus je suis presque sûr que la fourgonnette est BLANCHE ! Vivement la suite !

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  2. Ciel ! Bobby serait-il au volant de la camionnette blanche ? La cervelle des mésanges innocentes va-t-elle être répandue ? En tout cas, la Nouvelle est jusque là une vraie réussite !

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  3. Un style collant avec celui d’Huxley, dans LE MEILLEUR DES MONDES ? Ça donne envie d’en savoir plus. Le format des épisodes est plus long et il y aura donc moins d’épisodes ; c’est mieux !

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